Hors-bord

Jen, journaliste new-yorkaise de la presse à scandale raconte. Événements, portraits, faits divers, fragments de dialogues, bribes de rêves, anecdotes sont flashés et livrés pêle-mêle sans logique apparente, sans chronologie. Roman ? Récit éclaté ? Essai ? Littérature expérimentale ? Cet ouvrage inclassable, paru et acclamé aux États-Unis en 1976, réédité en 2013, est traduit pour la première fois en français. Renata Adler, journaliste, critique de cinéma et grand reporter, dépeint la génération des années soixante/soixante-dix. Une observation aiguë, au kaléidoscope, d’une société urbaine plutôt branchée par une entomologiste moins détachée qu’il ne paraît. Pas de fil conducteur, mais une succession de faits disparates à l’intérêt inégal dans lesquels l’absurde est latent. Le regard ironique, blasé, tient systématiquement l’émotion à distance. Coupures abruptes, chutes décalées, déconstructions inattendues créent un style parfois brillant, souvent déconcertant, vraisemblablement novateur pour l’époque. Renata Adler enregistre, croque et… tweete… Mais le sens suspendu, comme confisqué, et les permanentes ruptures de ton ne rendent pas la lecture aisée.