L’histoire tient sur un timbre poste. L’escargot, qui veut faire ses courses, sort de sa coquille. Malheureusement, il est sorti du mauvais côté! Il ne lui reste plus qu’à se rentrer.
Et ça réussit à occuper tout un album, sur près de 25 pages. Exploit à souligner! C’est que l’escargot est un animal lent, très lent. Trop pour le texte, en avance sur l’image, contraint à l’attendre en se répétant peu ou prou, s’impatientant, l’encourageant, avec un dynamisme et une excitation inversement proportionnels à celui de la bestiole. Trop pressé, il n’attend pas vraiment jusqu’au bout, jusqu’à la méprise et le remballement du corps, qui se déroulent dans un silence assourdissant. Ce jeu original entre le texte et l’image est hilarant. Orange et marron sur fond blanc, l’illustration – incluant la typographie, la disposition des mots- est tout dans le graphisme épuré. Un plaisir d’esthète, créé par un couple de designers et architectes suisses dans les années 70 pour leur fils, et publié en album pour la première fois; mais aussi un thème où l’enfant pressé par les adultes (de s’habiller, de manger, de marcher…) pourra se reconnaître.