Clandestines

FERRARIS Zoë

Enfouis dans le sable, prĂšs de Djeddah, dix-neuf cadavres de femmes sont dĂ©couverts, mains coupĂ©es et visages fracassĂ©s. Ce sont des immigrĂ©es asiatiques. L’inspecteur Ibrahim Zahrani est chargĂ© de l’enquĂȘte, mais l’inexplicable disparition de sa maĂźtresse complique sa tĂąche. Il demande son aide Ă  Katya, une jeune lĂ©giste courageuse, intelligente et obstinĂ©e, qui a bien du mal Ă  se faire accepter par les autres hommes de la brigade criminelle. ZoĂ© Ferraris (Les mystĂšres de Djeddah, NB juillet-aoĂ»t 2011) retrouve sa vaillante hĂ©roĂŻne. L’intrigue est bien construite, avec personnages multiples, rebondissements, fausses pistes et suspense efficace. Mais la gageure rĂ©ussie est de donner Ă  une jeune fille un rĂŽle crĂ©dible et dĂ©terminant dans une sociĂ©tĂ© oĂč les femmes n’ont aucun droit, ne peuvent ni conduire ni sortir sans un homme de leur famille ; oĂč leur parole ne vaut rien contre celle d’un homme ; oĂč l’on ne voit jamais leur visage sous le niqab ou leur corps sous l’abaya ; oĂč les immigrĂ©es sont de vĂ©ritables esclaves privĂ©es d’identitĂ©. Ce roman palpitant montre Ă  quel point ce monde d’interdits est Ă©touffant, la charia pesant aussi sur les hommes, mĂȘme si l’auteure – amĂ©ricaine – veut croire en la volontĂ© individuelle.