Au début du XXe siècle, une famille de « croquants » corréziens tente de survivre aux calamités qui la submergent. Le père, Jean, est transporteur de bois et charbon sur des gabarres de la Dordogne. Métier risqué : ces embarcations plates, à rames, sont peu sûres. Les ennuis s’accumulent. Sa femme tombe malade, il doit acheter à crédit un bateau que son employeur ombrageux et vindicatif refuse obstinément de financer. Il fait naufrage. Mais la vie peut parfois triompher et réserver des rebondissements inespérés. La description très détaillée de la vie rude des gabarriers trahit la fascination de l’auteur (La Guérisseuse de Peyreforte, NB juin 2012) pour ce coin de France dont il est natif. La bonhommie des villageois, que la dive bouteille aide peut-être à la conciliation, adoucit le climat de tension sociale. Les drames sont évoqués sans pathos excessif comme des fatalités ordinaires. Les protagonistes, parfois dressés comme des archétypes, s’effacent derrière celle qui demeure l’héroïne principale : la haute vallée de la Dordogne. La rivière capricieuse et mythique, dont il faut ausculter et dominer les humeurs, les amours délicates et touchantes entre un jeune et beau vilain et sa demoiselle, une nature harmonieuse et apaisante font de cet ouvrage du terroir une distraction agréable.
Là où coule une rivière
VITTÉ Louis-Olivier