Fenicia nâest encore quâAna lorsquâen 1939, ĂągĂ©e de six ans, elle quitte un orphelinat de Barcelone avec ses parents adoptifs. « Elle nâest pas jolie, mais trĂšs intelligente » dit la directrice en la prĂ©sentant. Toute sa vie, Ana-Fenicia sâemploiera Ă soigner cette blessure. Jeune fille impĂ©tueuse et belle, femme cultivĂ©e et Ă©lĂ©gante, elle nâaura de cesse dâĂȘtre comprise, aimĂ©e, protĂ©gĂ©e malgrĂ© son tempĂ©rament fougueux, malmenant, tout en les adorant, parents, amants, mari et enfants. Faut-il quâelle ait marquĂ© son entourage pour que lâauteur (J.A.B., NB octobre 2008), son propre fils, Ă©prouve le besoin de faire la vĂ©ritĂ©. Sâappuyant sur des faits connus de la guerre dâEspagne, de lâinsurrection antifranquiste, faisant sienne la cause des anarchistes, il dĂ©crit lâexode des populations, leur arrivĂ©e terrible en France et la difficile intĂ©gration. La peur mais aussi la fiertĂ© de ceux qui ont tout perdu. Comment cette enfant, entourĂ©e de lâaffection des siens, parvient Ă devenir Ă force de courage cette brillante enseignante agrĂ©gĂ©e de lettres. Par amour filial, il absout les excĂšs, les mensonges et affabulations de cette femme fragile, adulĂ©e, dont il dĂ©monte la structure psychique et explique la fin. MalgrĂ© quelques longueurs, ce rĂ©cit sur vingt-cinq annĂ©es emporte lâadhĂ©sion.
Fenicia
BRUNET Pierre