Ellis Spencer vit dans un monde où chacun doit se tenir droit, conquérant et sûr de lui, où l’inactivité, le rêve, sont condamnés. Malheur à qui n’est pas aussi grand qu’il le faudrait, à qui aime rêvasser, lire, etc. Ces enfants-là sont condamnés, s’ils ont de la chance, à être redressés dans une école pour jeunes non déviants où tout ce qui est enseigné est à la gloire du Leader et commémore en permanence la guerre gagnée par le grand Gillan contre la princesse Léa. Petite et myope, Ellis est de ceux-là. Dans l’école où ses parents l’ont envoyée, elle devient l’amie de Peter, un garçon qui ose afficher sa différence.
Ce roman d’anticipation a des accents désuets de la science-fiction des années 70 ; le pouvoir réunit toutes les composantes de l’aveuglement et de l’autorité stupide, de la manipulation des individus soumis à des dictats iniques. Partagée entre le souhait de ne pas déplaire ou nuire à ses parents, et son envie impérieuse de voir le monde autrement, l’héroïne apprend à prendre conscience d’elle-même, et découvre son rôle dans une Résistance qui s’active dans l’ombre. Beaucoup de personnages ont une psychologie assez primaire, mais certains révèlent peu à peu des failles, dont on imagine qu’elles se développeront dans un tome suivant, apparemment nécessaire pour boucler cette histoire.