Dans une forĂȘt prĂšs d’Alger, une jeune fille repose morte, nue et trĂšs joliment maquillĂ©e. La commissaire de police Nora et ses collaborateurs â mĂ©contents d’ĂȘtre sous les ordres d’une femme â dĂ©couvrent que le cadavre est celui de la petite-fille jusque-lĂ ignorĂ©e du grand Hamerlaine, le « rhorba », vieillard tout-puissant. Furieux, celui-ci dĂ©cide de pratiquer sa propre justice ; il donne aussi ses ordres Ă un grand patron de presse revenu en AlgĂ©rie. Bien des cadavres plus tard, la vĂ©ritĂ© Ă©clate, mais les gens honnĂȘtes le paient cher… Au-delĂ dâune intrigue empruntĂ©e au polar, Yasmina Khadra (Les anges meurent de nos blessures, NB octobre 2013) peint un tableau assez effrayant de la vie actuelle Ă Alger : hommes de pouvoir corrompus qui corrompent leurs subordonnĂ©s, y compris certains policiers. Ceux-ci se consolent en fumant des joints et en buvant beaucoup, ce sont « des singes qui attendent de devenir des hommes » sans jamais y parvenir car le mensonge « par nature », la tricherie « par principe » et la nuisance « par vocation » animent tout un pan de la sociĂ©tĂ© algĂ©rienne. LâĂ©crivain crie avec talent sa rĂ©volte Ă lâĂ©gard de son pays natal.
Qu’attendent les singes
KHADRA Yasmina