Devant l’école, une mère interviewée condamne sévèrement l’usage de la fessée comme punition. En classe, les enfants s’expriment aussi sur le sujet. L’un a une histoire à raconter : le conte du prince coupé en deux par une fessée du roi. Une moitié en voulait au père et fut enfermée dans une tour du château. L’autre moitié, oublieuse et docile, vivait comme si de rien n’était, se montrant toujours de profil pour n’éveiller aucun soupçon.Un curieux album, à la construction complexe et déroutante. Il est lui aussi coupé en deux ! Une partie dans la réalité, une partie dans le conte ; une partie avant l’école, une partie après. Et s’il y a condamnation, c’est autant de la fessée que de l’hypocrisie glaçante qui règne chez les adultes sur le sujet : officiellement contre, mais, en privé, souvent prompts à lever la main sur leurs enfants. L’image surprend aussi : relativement classique (comme inspirée de tableaux anciens) pour le conte, elle est très stylisée dans les autres pages, accentuant notamment la différence de taille entre les adultes et les enfants. Ils apparaissent comme de tout petits êtres (un peu casse-pieds) soumis à la toute-puissance parentale.
Le conte du prince en deux
DOUZOU Olivier, BERTRAND Frédérique