En 2001, une jeune Anglaise quitte son bourgeois de mari pour passer quelques jours à Grenade et suivre des cours de danse. Dans un café, elle se lie avec un vieil homme qui, remontant aux années trente, lui raconte la vie de ses propriétaires. Républicains engagés, ils ont vécu l’horreur de la guerre civile. Les fils sont morts au combat, torturés, assassinés. Leur soeur, danseuse de flamenco, bien que follement éprise d’un gitan joueur de guitare, se dévoue pour accompagner des enfants réfugiés en Angleterre. Elle y fera sa vie mais l’Andalousie se souvient d’elle. Victoria Hislop a le don d’insérer dans un contexte historique une superbe histoire (Le Fil des souvenirs, NB juillet-août 2013). Sous sa plume, l’Espagne se déploie, fascinante, cruelle aussi. Les scènes de flamenco à la beauté sensuelle, les corridas, lieux de spectacle et de passion, cèdent bientôt la place aux atrocités, à la délation, au déchirement de familles unies, aux pires noirceurs de l’âme humaine. Impossible de se soustraire à l’emprise de cet ouvrage passionnant, bouleversant, à l’intensité dramatique, au souffle romanesque. Une écriture colorée parfaitement maîtrisée, une émotion sans artifice, voici la nouvelle réussite d’une diplômée de littérature, talentueuse et toujours séduisante.
Une dernière danse
HISLOP Victoria