Elle brĂ»le de rage, de fureur contenue. Et pourtant Nora, cĂ©libataire, la trentaine passĂ©e, est lâinstitutrice modĂšle dâune Ă©cole primaire de Boston. SĂ©rieuse, dĂ©vouĂ©e, artiste Ă ses heures, elle adore les enfants. DerriĂšre son masque lisse, souriant, se cache lâamertume de la « Femme dâEn Haut », ombre sympathique oubliĂ©e aussitĂŽt quâutilisĂ©e. Son monde sâouvre lorsquâun couple cosmopolite et talentueux sâinstalle Ă Boston et inscrit son fils dans la classe de Nora. Elle garde lâenfant, travaille avec la mĂšre, plasticienne dĂ©jĂ reconnue, couche une fois avec le pĂšre… En mĂšre, amie ou amante, elle sâĂ©prend follement de chacun d’eux, Ă©trangers et sĂ©duisants. Mais lâannĂ©e se termineâŠÂ Claire Messud (Les enfants de lâempereur, NB avril 2008) sait animer une atmosphĂšre, celle de lâĂ©cole, de lâatelier oĂč sâĂ©labore une oeuvre contemporaine. Elle donne une complexitĂ© convaincante aux caractĂšres, essentiellement fĂ©minins. Le pĂ©nible dĂ©nouement se prĂ©voit bien avant que Nora le soupçonne, tout occupĂ©e Ă mesurer ses manques. Elle gomme les Ă©lĂ©ments trĂšs positifs dâune vie qu’elle estime injustement mĂ©diocre, sans incriminer sa propre incapacitĂ© Ă Ă©chapper aux modĂšles sociaux. Ces plaintes peuvent paraĂźtre irritantes et brouillent ce portrait travaillĂ© dâune cĂ©libataire amĂ©ricaine insatisfaite.
La Femme d’En Haut
MESSUD Claire