À l’orée de la nuit

En Caroline du Nord, dans un coin perdu des Appalaches, Luce, belle jeune femme solitaire, est la gardienne d’une maison isolée en pleine forêt. Elle s’occupe patiemment d’un neveu et d’une nièce mutiques et incendiaires, victimes des brutalités de leur beau-père Bud qui a assassiné leur mère devant eux. Le jeune Stubblefield, qui vient d’hériter des lieux et terres avoisinantes, tombe amoureux de Luce. Il devient indispensable lorsque Bud veut éliminer le frère et la soeur et récupérer un hypothétique magot. Les deux jeunes gens s’enfuient dans la montagne, le drame s’invite… Conteur hors pair, Charles Frazier (Treize lunes, NB juillet 2008) décrit admirablement les grands espaces américains, la nature sauvage et hostile, la mentalité fruste des habitants. Dans le contexte des années soixante, les moeurs locales sont encore très rudes. Cette peinture sombre et le suspense efficace font que ce roman ne se lâche pas. Les thèmes de la résilience, de l’intrusion du mal, des faiblesses humaines ou du dévouement sont présentés avec une simplicité rafraîchissante, sans complaisance. Malgré un rythme un peu lent, le style est puissant, l’intrigue prenante et les personnages attachants. Un roman réussi !