Souveraine, belle jeune femme tutsie, a vécu l’horrible massacre de ses parents, perpétré par un voisin en 1994, dans un Rwanda en proie à la folie meurtrière. À l’âge de huit ans, cachée sur une armoire, elle avait assisté à ce spectacle barbare et en restera perturbée à vie. Elle est recueillie par un couple de musulmans d’un courage et d’une bonté sans failles. Pour lui permettre d’échapper aux tueurs, ses protecteurs l’aident à fuir au Zaïre et la confient à des cousins. Quinze ans plus tard, elle apprend que l’assassin de ses parents va être jugé par un tribunal coutumier. C’est sous forme de dialogue que le Camerounais Eugène Ébodé (Métis Palissade, NB juin 2012) retrace les traumatismes générés par le génocide rwandais. L’héroïne, encouragée par l’empathie de l’auteur, revient enfin sur son terrible passé. L’ambiance délétère de son pays vingt ans après, l’impunité de la plupart des assassins, les souvenirs d’atrocités insoutenables brossent un sombre tableau. Si un message d’espoir subsiste, c’est grâce au soutien de certains « justes » et à un désir de clarification et de réconciliation exprimé dans les Conseils de Sages. Des anecdotes savoureuses, une écriture colorée, des trouvailles stylistiques tempèrent la dureté du témoignage.
Souveraine Magnifique
ÉBODÉ Eugène