Ma maman nâest pas nĂ©e ici. Alors, forcĂ©ment, avec elle, il y a des trucs bizarres : des mots quâelle est seule Ă utiliser, sa maniĂšre de sâhabiller, de dire bonjour quand elle mâaccompagne Ă lâĂ©cole, les coiffures quâelle me fait, des plats que je ne mange quâĂ la maison⊠Rien de grave ! Et si, devant les autres, je lâappelle Maman, chez nous, je dis Mutti, Oummi, Mom ou Mamma.
 Julianne Moore se souvient de son enfance amĂ©ricaine auprĂšs dâune maman dâorigine Ă©cossaise. Dâautres vivent la mĂȘme situation avec une mĂšre africaine, eurasienne, europĂ©enneâŠÂ dont ils dĂ©couvrent la diffĂ©rence sur le chemin de lâĂ©cole, celui de lâintĂ©gration. Le propos a lâintelligence de nous Ă©pargner le couplet raciste. Mais il faut un bel optimisme pour camper des personnages qui assument leur double identitĂ© avec une telle sĂ©rĂ©nitĂ©Â ! Lâamour maternel mis en avant escamote gentiment les vraies raisons des crispations identitaires au point que mĂšre et fille ne se ressemblent guĂšre. Les illustrations aquarellĂ©es de Meilo So dessinent des saynĂštes de la vie quotidienne pimpantes, dynamiques, sans une ombre au tableau, pour chanter la simplicitĂ© dâun mĂ©tissage culturel dont les femmes seraient le vecteur.