Ăcrivain, Jean Daragane vit seul Ă Paris. Un inconnu lui propose un soir par tĂ©lĂ©phone un rendez-vous du cĂŽtĂ© de Saint-Lazare pour lui rendre son carnet dâadresses Ă©garĂ©. Lâhomme se prĂ©sente comme un journaliste qui sâintĂ©resse Ă un fait divers de 1951 et Ă un certain Torstel dont il a relevĂ© le numĂ©ro dans le rĂ©pertoire. OubliĂ© depuis des dĂ©cennies, ce nom nâĂ©voque plus rien Ă Daragane, mais la mĂ©moire se met au travail Ă son insu et les souvenirs du petit garçon de six ans quâil Ă©tait surgissent, inĂ©luctablement. Dans Lâherbe des nuits (NB novembre 2012), Patrick Modiano utilisait dĂ©jĂ un procĂ©dĂ© qui entretient le suspense : est-ce un piĂšge ou un jeu qui Ă©treint le personnage et le ramĂšne vers son passĂ© ? Hommes et femmes, silhouettes effacĂ©es par les ans, surgissent dâun lointain autrefois. Des faits minuscules reviennent Ă sa conscience, au dĂ©tour de photos, de lignes Ă©crites dans sa jeunesse, recomposant le puzzle Ă©parpillĂ© dâune annĂ©e dâenfance chaotique. Des Ă©vĂ©nements occultĂ©s pour Ă©chapper Ă la souffrance se font jour au fil des pages. De son Ă©criture Ă©purĂ©e, prĂ©cise, subtile et factuelle, le rĂ©cent prix Nobel de littĂ©rature poursuit son exploration intime des mĂ©canismes de la mĂ©moire dans un livre touchant, une nouvelle fois.
Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier
MODIANO Patrick