En octobre 2010 une loi interdit la dissimulation du visage humain en public, visant sans les nommer le niqab et la burqa. Ce texte révèle-t-il l’islamophobie des Français ou, au contraire, une volonté de “vivre ensemble” à laquelle sont profondément attachés les politiques au détriment d’une interprétation stricte du droit, défendue par les juristes ? Les termes de “tolérance”, “laïcité” et “dignité de la personne” donnent lieu à des interprétations contradictoires. Faut-il dépasser la notion d’État-nation pour celle d’État cosmopolite où les droits de l’homme et de la démocratie seront les seuls substrats du lien politique à l’exclusion de toute transcendance ? Dans cet essai issu d’un article paru en novembre 2012 dans la revue “Débats”, Constantin Languille se livre, à partir de la séquence du voile intégral, à une « discussion » politique complexe. Il démontre, à partir d’une argumentation juridique serrée, complétée d’une analyse statistique qui révèle l’anxiété irraisonnée des Français face à l’islam, l’antagonisme des logiques juridique et politique et comment des valeurs vécues comme éminemment républicaines peuvent être fondatrices de xénophobie. Enfin, une exégèse de textes de Marcel Gauchet et d’Ulrich Beck, sociologue allemand, suscite une réflexion originale sur l’avenir du mot Nation.
La possibilité du cosmopolitisme : burqa, droits de l’homme et vivre-ensemble
LANGUILLE Constantin