Né en 1850, le poète romantique Mihai Eminescu est une des gloires de la Roumanie. Fleuron d’un cercle littéraire célèbre à l’époque, la Junimea, il s’est fait le chantre de la société paysanne traditionnelle de son pays face à l’impérialisme austro-hongrois et aux convoitises russes. Il a défendu la cause des minorités roumaines de Moldavie, Transylvanie, Bucovine et Hongrie, rêvant d’une Grande Dacie. Il fut interné pour folie les dernières années de son existence (1883-1889), et sa figure mythique a été récupérée par les régimes successifs, totalitaires ou libéraux. Florina Ilis bâtit son roman autour des années de fin de vie du Poète National, épluchant, avec retours en arrière, les moindre détails de sa vie sentimentale, professionnelle, politique et médicale, qu’elle soumet aux points de vue divergents de ceux qui l’ont côtoyé avant et pendant sa maladie. S’ajoutent les enquêtes minutieuses de la Securitate cent ans après son décès, qui font se télescoper les époques et, non sans humour, le destin de certains personnages. Malgré le talent de l’auteur apprécié dans La croisade des enfants (NB mars 2010), la construction bien trop ambitieuse et minutieuse de ce pavé a tout pour rebuter le lecteur étranger.
Les vies parallèles
ILIS Florina