Peut-être Esther

PETROWSKAJA Katja

Née en 1970 d’une famille juive qui parle peu du passé, Katja a grandi en Ukraine. Mais, parvenue à l’âge adulte, elle veut savoir. Elle questionne, enquête, parcourt la planète et débusque la trace de quelques ancêtres déjà gommés : côté maternel, une lignée d’hommes et de femmes enseignants pour sourds-muets en Pologne, un grand-père prisonnier de guerre, réapparu quarante ans plus tard ; côté paternel, un grand-oncle auteur d’un complot à Moscou contre un dignitaire allemand et exécuté en 1932. Une arrière-grand-mère peut-être prénommée Esther, massacrée dans le ravin de Babi Yar à Kiev comme tant d’autres… Katja Petrowskaja raconte sa quête et esquisse l’histoire d’une famille décimée par la guerre et la Shoah. À tâtons mais opiniâtrement, sans haine, elle cherche des fantômes, émet des hypothèses quand elle manque d’information, et pointe les responsabilités, pas seulement nazies, dans les atrocités dont sa parentèle fut victime. On regrette l’absence de cartes de l’Europe centrale au coeur de la tourmente et berceau familial, et surtout d’un arbre généalogique clarifiant la position des différents personnages. Mais ce récit autobiographique traduit de l’allemand, premier livre de l’auteur aujourd’hui journaliste à Berlin, est intéressant et chargé d’émotion.