Quand la jolie sirène a trouvé son Prince charmant, un triton au doux regard, leur mariage est tout naturellement annoncé. Va-t-elle se couler dans ce bonheur prêt à porter ? Peut-elle y trouver son accomplissement ? Elle s’enfuit vers la lumière et, sur une plage de Copenhague, elle écoute la leçon d’un vieil homme à qui elle confie son angoisse : le bonheur n’est jamais donné, il se construit. Alors, peut-être…
Pour parler en termes simples de l’existentialisme chrétien de Kierkegaard, une fable ! La sirène de l’histoire, aussi belle qu’aimée, répond au stéréotype du bonheur mais elle incarne aussi l’incomplétude radicale : la femme-poisson en quête d’elle-même. Elle se trompe en croyant qu’il faut, pour être libre, changer de vie ; c’est le regard qu’elle porte sur sa situation qui doit être modifié. La simplicité du texte, soutenu par les images oniriques d’un paysage marin, rend la pensée du philosophe parfaitement accessible : la liberté de l’homme, sur fond de déterminisme chrétien, est aussi de se tromper avant de réaliser peut-être sa nature. Les péripéties du récit expriment bien ce cheminement de soi vers soi.