Fin décembre, Pauline, son frère et sa mère passent quelques jours au bord de l’océan dans une villa isolée. Le père est mort brutalement d’une chute de cheval, il y a deux ans. Les adolescents de 15 et 13 ans, inséparables, n’assument pas encore cette disparition. Un matin, Pauline découvre un mot (de sa mère) dans la cuisine : « Je suis au pain ». Son absence va durer vingt et et une heures pendant lesquelles Pauline tremble pour son frère emporté par une vague. Elle réfléchit aussi à son comportement des derniers mois et s’aperçoit qu’elle a tout reporté sur lui, devenant envahissante. Comment veiller sur lui ? Comment parvenir à envisager le futur ?
Dans une sorte de monologue intérieur, l’héroïne revit ses souvenirs et communique sa peine. Avec beaucoup de sensibilité et une belle écriture descriptive, l’auteur dissèque son personnage. L’adolescente éprouve des sentiments ambivalents pour sa mère qui a dû prendre la décision de débrancher son mari dans le coma. Envahie par une immense colère et le sentiment d’avoir été abandonnée, elle s’accroche à son frère, un peu jalouse de sa sérénité. Maladroitement, elle apprivoise son deuil et tente de surmonter les difficultés d’exister au seuil de l’âge adulte. Grave et poignant, ce roman imprégné de la splendeur de l’océan permet d’imaginer un nouveau départ dans une fin ouverte. (F.C. et H.F.-R.)