Finies, les pesanteurs d’antan, famille, religion, politique, patriotisme… Une légèreté ludique préside désormais à la vie quotidienne vécue dans l’instant. Hédoniste, l’homme hypermoderne consomme joyeusement, jouit de son corps, de sa santé, de ses loisirs. Individualiste, il exprime ses goûts, sa créativité. Il voyage, vite, voit des expositions « intéressantes ». La révolution high-tech et numérique élargit au monde ses champs d’action, de communication, d’accès aux connaissances. Les nanotechnologies, encore à leur début, s’activent dans le minuscule. Cependant, remarque Gilles Lipovetsky, philosophe (Le bonheur paradoxal : essai sur la société d’hyperconsommation, NB juin 2006), les appels insistants à la légèreté fonctionnent aussi contre la légèreté de la vie. Capitalisme hypertrophié, aliments et atmosphère contaminés, dictature de la minceur, autodéceptions, tout cela pèse derrière le fun et le cool. Les difficultés relationnelles, les angoisses, les échecs demeurent et l’acquisition du savoir exige toujours effort et temps. Légèreté n’égale pas bonheur et plénitude de vie. Avec ce choix pertinent de grille d’analyse et quelques inévitables répétitions, ce tour d’horizon est aussi exhaustif que révélateur, bien détaillé malgré l’ampleur du sujet. La réflexion est soutenue, mais l’attention du lecteur est abondamment récompensée. (M.W. et C.R.P.)
De la légèreté
LIPOVETSKY Gilles