Un vague sentiment de perte

STASIUK Andrzej

Trois courtes nouvelles : une grand-mĂšre qui croit aux esprits ; des visiteurs qui traquent les Ă©clairs de luciditĂ© d’un vieil Ă©crivain dont la vie s’achĂšve ; un maĂźtre qui s’interroge devant sa chienne qui se meurt. Beaucoup plus longue, la quatriĂšme est tout entiĂšre tournĂ©e vers l’amitiĂ©, la mĂ©moire, l’effacement, la mort : issus de familles prolĂ©tariennes et nĂ©s dans un faubourg pauvre de la ville, deux hommes ont toujours Ă©tĂ© amis. L’un assiste Ă  la crĂ©mation de l’autre. Pourquoi tel souvenir reste ? Et pourquoi ce dĂ©sordre lorsqu’on Ă©voque le passĂ© ? Et la difficultĂ©, lorsqu’apparaĂźt le spectre de la maladie, Ă  soutenir l’autre, Ă  communiquer ? Conserver le corps ou le brĂ»ler ? Se posent aussi les questions de l’euthanasie, de la dĂ©chĂ©ance physique, de la fidĂ©litĂ© au passĂ©. Au cours d’une rĂȘverie vagabonde, Andrzej Stasiuk (Pourquoi je suis devenu Ă©crivain, NB juin 2013) Ă©voque ces points avec une grande pudeur et beaucoup de sensibilitĂ©. Son style limpide convient Ă  la finesse et Ă  l’élĂ©gance de l’analyse.  (M.F. et L.C.)