Après Les hommes n’en font qu’à leur tête, voici les monstres : une galerie de vingt portraits, pleine page, grand format. On croisera le monstre apprivoisé de notre enfance : le grand méchant loup, l’inquiétante momie qui a résisté au temps, les monstres armés jusqu’aux dents, les monstres répugnants investis par les mouches, et d’autres, apprentis-sorciers d’aujourd’hui sans oublier ceux qui jaillissent de nos seules peurs
À la manière d’Arcimboldo, les tableaux naissent de l’accumulation de vieux papiers, d’objets vieillots ou obsolètes, d’animaux naturalisés, de bouts de passementerie, rassemblés par un amoureux de la brocante en tableaux qui font penser aux vanités du XVIIe siècle : la mort, le temps, et autres artifices symboliques de la précarité de l’existence y trouvent place. On peut plonger avec délices dans le détail de ce bric-à-brac baroque car ces personnages composites sont de vrais « monstres » ; on peut aussi être sensible à ce qu’ils nous disent de la monstruosité de nos entreprises d’hommes. Un court poème, teinté d’humour, guide la lecture de l’image sans en détruire le mystère. Un album qui se mérite. (C.B.)