Une imposante masse verte, ornĂ©e de pointes blanches vaguement menaçantes, encombre le passage dâun petit canard dĂ©terminĂ© Ă ne pas se laisser impressionner. Celui-ci use dâabord dâune certaine politesse puis sâĂ©nerve, gronde, sort un coincoin rageur⊠sous le nez du crocodile qui, furieux dâĂȘtre dĂ©rangĂ© dans sa sieste, rĂ©torque en ouvrant tout grand les mĂąchoires. Il faudra un bon subterfuge au canard pour quâil parvienne Ă passer, Ă proprement parler, sur le corps de son adversaire !
Antonin Louchard use Ă merveille du comique de situation dans cette courte scĂšne plantĂ©e dans un dĂ©cor minimaliste, oĂč tout se joue autour de lâĂ©change entre les deux protagonistes. Lâinconscience du canard effrontĂ© fait trembler pour lui dĂšs la premiĂšre image ; le dialogue entre les deux adversaires tient presque du surrĂ©alisme tant le rapport entre le fort et le faible est pris Ă rebours, et la chute, complĂštement inattendue, est dĂ©sopilante. Le tout dans un vocabulaire qui emprunte certaines expressions aux cours de rĂ©crĂ©ation : une savoureuse minute dâhumour.
Dans la mĂȘme sĂ©rie, Je veux voler : autre dialogue entre un petit oiseau et son pĂšre quâil supplie de lui apprendre Ă voler. (M.T.)