La Permanence des rêves

Très affecté par le suicide de son fils, le professeur Winock participe à un projet pédagogique antisecte à l’Université Princeton. Il a fondé une association qui lutte contre l’influence mortifère de Thomas Prudhomme, gourou exhibé à Paris, qui s’est fait retirer les cinq sens et amputer des quatre membres. Devant les étudiants, l’expert déroule la vie de cet « artiste » autoproclamé, l’analyse et explique comment résister à l’attirance morbide qui fait des émules dans le monde entier. Mais sa propre existence en est perturbée. Il n’est pas facile de dénoncer une psychopathie grave qui contamine des esprits faibles et les incitent à s’automutiler. L’enquête du professeur fouille la personnalité de « la créature », depuis l’enfance jusqu’au basculement dans la folie, elle doit démontrer qu’il s’agit de mégalomanie malsaine, non de mysticisme. Et pourtant, rien n’est simple… Même un scientifique très déterminé peut être touché, jusqu’à remettre en cause ses propres choix. L’auteur (Chaosmos, NB février 2014) s’en prend aussi au langage pédant des intellectuels et au mercantilisme des galeristes d’art contemporain. D’une construction narrative bien maîtrisée, très (trop) dense et exigeant, ce roman original et dérangeant, quoique non dénué d’humour, pose des questions graves. (B.T. et M.Bo.)