Madeleine et Sarah, deux cousines élevées ensemble, resteront toujours proches. Madeleine convole trop tôt, doit se séparer de ses enfants et travailler dur ; elle se remarie avec un ouvrier, tandis que Sarah fait un beau mariage qui lui assure une existence prospère. Dans les années 1950, parents et enfants se rassemblent autour du temple protestant de Clamart et d’une communauté idéaliste, la Fraternité. Chrétiens de gauche, ils vivent chacun à sa façon mai 68. Quand leurs destins se séparent, ils évoluent différemment jusqu’à inverser parfois les situations sociales… Après L’origine de la violence (NB mars 2009) évoquant sa famille paternelle, Fabrice Humbert conte dans un style agréable, précis, l’histoire maternelle (Madeleine est sa grand-mère) à partir de témoignages et de ses souvenirs entrelacés de fiction. Rêveur nourri de livres, curieux mélange d’ancrages et de doutes, il appartient à une génération favorisée, mais reste marqué par une éducation protestante puritaine. Il brosse la fresque sociologique d’une France ouvrière, honnête, laborieuse, et parallèlement celle d’une bourgeoisie proche du PSU puis des socialistes, de la jet-set mais aussi d’Action Directe. La disparition progressive de l’Éden utopique, le temps qui file et transforme le monde et les êtres, colorent ce tableau attachant d’une nuance désenchantée. (V.A. et L.G.)
Éden utopie
HUMBERT Fabrice