Un geste maladroit, des troubles de l’élocution qui se répètent et c’est l’entrée brutale dans la maladie de Charcot… Frédéric Badré, l’auteur de ce témoignage, se révolte, cherche une explication avant de se résoudre à l’inéluctable : la perte d’autonomie, la déshumanisation de son corps. Alors, il dicte au jour le jour les phrases qu’il a préparées, observe l’évolution du mal et partage ses bonheurs d’avant : rencontres, voyages, son amour de Venise, sa passion du rock, son plaisir de dessiner. Lui, l’écrivain féru de littérature, fondateur de la revue « Ligne de risques », l’artiste proche des plus grands, se bat pour accompagner sa « métamorphose », soutenu par sa femme et ses enfants. De quelle tragédie soudaine sont-ils devenus acteurs ! Face à leur désarroi, il veut « vivre » malgré tout. Réfutant Némésis et son destin vengeur, il se prouve qu’il ne sera pas seulement une « ruine ». La musique, la lecture, le dessin continueront à être l’ordinaire de ses jours, autant que faire se peut. Méditant et contemplant une énième fois la Pietà, la dernière oeuvre inachevée du Titien, il se sent apaisé. Réalité très émouvante, mais sobre et élégante. (M.-A.B. et C.V.)
La grande santé
BADRÉ Frédéric