La royauté française a été marquée par la dualité « Cardinal – Premier Ministre » propre à Richelieu et à Mazarin. La série s’est-elle poursuivie avec Guillaume Dubois ? Moins connu, issu d’une famille provinciale modeste, celui-ci, introduit dans la famille d’Orléans, devient le précepteur du futur Régent et bientôt secrétaire d’État, archevêque de Cambrai, cardinal, Premier ministre. Une ascension fulgurante qu’il doit à une ambition frénétique, d’éminentes qualités intellectuelles, des réussites brillantes en politique extérieure mais aussi à une duplicité tactique et un amoralisme critiqués par certains contemporains comme Saint-Simon puis par la postérité. Pour l’universitaire Alexandre Dupilet, auteur de La Régence absolue, le cardinal Dubois, père et négociateur de la « Quadruple Alliance » et d’une paix durable en Europe, est un politique de poids. Désamorçant beaucoup des affirmations infamantes portées sur ses moeurs libertines, son opportunisme religieux très intéressé, sa morale élastique, l’auteur décrit en détail le rôle de diplomate influent et novateur du cardinal et ses relations fortes avec le Régent. Sont mentionnés de nombreuses correspondances, des extraits de textes officiels, des pamphlets virulents. Le crescendo de la montée en puissance du petit roturier provincial est bien rendu, même s’il transforme une biographie documentée en hagiographie.
Le cardinal Dubois : le génie politique de la Régence
DUPILET Alexandre