Deux fillettes délicatement enveloppées dans leurs langes sont découvertes au même moment dans les Abruzzes et en Bourgogne. Recueillie par un curé et une bonne illettrée, Clara grandit dans les montagnes italiennes, tandis que Maria devient l’enfant choyée d’un couple de fermiers et de quatre vieilles tantines. Les orphelines ne cessent d’étonner leur entourage, car elles sont faites d’une étoffe singulière, magique peut-être : Maria converse avec le vent, les fleurs, les animaux, Clara déchiffre les partitions sans avoir été initiée à la musique. Chacun sourit de ces mystères, jusqu’à ce que revienne le spectre de la guerre.
Après les conversations philosophiques de L’élégance du hérisson (NB décembre 2006), Muriel Barbery s’aventure au pays des elfes. Elle fait dialoguer les génies du ciel qui exercent un ascendant sur les humains par l’entremise de leurs jeunes protégées. Mais l’équilibre est fragile sur terre comme dans les nuées et sous le merveilleux se profile la menace d’une irréversible fracture. Dans une écriture poétique, ciselée, avec un lyrisme parfois débordant, l’auteur, amoureuse de la nature, tisse une fable-conte aux détours quelque peu compliqués. Aussi faut-il consentir au surnaturel et accepter la part hermétique du récit pour se laisser porter par l’originalité du voyage. (P.H. et C.V.)