Tout de rouge encapuchonnĂ©e, elle chemine dans la ville noire, la main dans la main de son papa. Haute comme trois pommes, le nez au vent, elle ne perd pas une miette du spectacle de la rue oĂč elle voit ce que les adultes remarquent rarement : les fleurs qui poussent ici ou lĂ , Ă la jointure dâun trottoir, dans le bout de terre Ă nu autour des arbres ou encore entre deux pavĂ©s. Elle les cueille, trottine en quĂȘte dâun destinataire Ă sa hauteur : moineau mort, vieil homme couchĂ© sur un banc, chien en laisseâŠÂ Et la ville, peu Ă peu, prend de la couleur.
Un album sans paroles, dĂ©coupĂ© parfois comme une BD, rythme la promenade urbaine dâune enfant sensible Ă la menue beautĂ© du monde et spontanĂ©ment dĂ©sireuse de partager. Les personnages sont plus esquissĂ©s que dessinĂ©s. Les cadrages dĂ©coupent la ville en plans larges variĂ©s, comme autant de scĂšnes de rue, et en vignettes centrĂ©es sur la main ou le regard de la fillette, porteurs dâĂ©motion. La structure narrative est trĂšs simple, dynamique comme la balade dont elle est le support rythmique. LâĂ©vocation dâun de ces moments de grĂące quâil faut savoir saisir.(C.B.)