Peter Schneider a gardé, longtemps gardé, sans les lire, des lettres de sa mère. Il en pressent obscurément la valeur jusqu’au jour où le désir de mieux connaître celle qui décède quand il a neuf ans le submerge. Il découvre, à travers les correspondances échangées avec son mari, chef d’orchestre, et le meilleur ami de celui-ci, metteur en scène, une femme amoureuse de deux hommes. L’Allemagne est en guerre, tous deux sont mobilisés en 1944. Tandis que les combats font rage, elle part vers la Saxe avec ses quatre enfants et ne cesse d’écrire à l’époux et à l’amant. Critique littéraire et essayiste, l’auteur de Pour l’amour de Scylla (NB décembre 2006) retrace avec pudeur la fuite désespérée de sa mère qui s’éloigne de ses amours pour protéger ses enfants. De larges extraits de lettres montrent comment s’est tissée cette délicate relation triangulaire, révélant un coeur où s’affrontent le feu de la passion, les doutes, la nostalgie, les pressentiments du vide et de la fin. Peu à peu se devine l’admiration du fils pour cette femme lettrée, franche et courageuse. Livre de mémoire intime et témoignage historique, ce récit bien construit, à l’écriture lumineuse, bouleverse. (P.H. et A.-M.D.)
Les amours de ma mère
SCHNEIDER Peter