À Montréal, en rupture de famille et de ban, Hugo, contrebassiste de jazz, joue ici et là et boit beaucoup. Lueur dans une vie dévastée, une tendre luthière. Et la mélodie qu’il compose : achevée, elle ferait de lui un vrai musicien. La quarantaine venue, démuni, il revient à Lisbonne, retrouve difficilement ses proches et entend par hasard un pianiste génial jouer « sa » mélodie. Sidération… De plus, ce pianiste lui ressemble comme un frère jumeau. Serait-ce celui qui n’a pas survécu à leur naissance ? Furieux et troublé, Hugo le rencontre… La première partie est l’histoire tragique de Hugo. La deuxième est écrite par l’auteur (Le Bon Hiver, NB juillet-août 2012), ami du pianiste, se désespérant de voir ce dernier tout abandonner après la visite de son double. Les deux récits s’additionnent, se contredisent à peine. L’écrivain est-il vraiment l’auteur ? Quels échanges inconscients entre les deux héros ? Chacun est-il l’ombre de l’autre, celui qui adoucirait leur malaise à vivre ? La réalité apparente, remarquablement reconstituée dans sa complexité, avec les couleurs mouvantes des sentiments, est minée par le doute… Ce beau roman sur l’identité résonne de la mélodie qui habite les deux hommes. Il confirme le talent de João Tordo. (M.W. et M.-N.P.)
Lisbonne Mélodies
TORDO João