Dans les eaux profondes…

Une crèche dans une petite ville de Suède, de nos jours. Des génies, bons et mauvais, gravitent autour de Malte, un turbulent bambin de cinq ans. Les puéricultrices et leur jeune stagiaire, hacker occasionnel, prennent conscience qu’un danger menace l’enfant, mais hésitent à l’identifier : Roger, l’ami empressé surgi de nulle part, s’intéresse-t-il à la mère, ou au petit ? Et cette femme bizarre qui s’enfuit après avoir tenté de lui parler, que cherche-t-elle ? Malte aime sa maman, une paumée plus immature que méchante. Pour lui plaire, il préfère éluder les questions qui fâchent, malgré un malaise grandissant. Au fond, personne ne veut voir. Pour combien de temps encore ? Une mécanique psychologique fine, simple, implacable sous-tend ce drame que l’auteur (Différente, NB mars 2013) présente sous plusieurs angles habilement imbriqués : celui, candide, du garçonnet, celui plein de verve contestataire de l’ado informaticien, celui d’un adulte tourmenté en quête d’identité. Le dynamisme et la logique particulière des deux premiers donnent à ce bon roman son rythme, ses parts d’irrationnel et surtout de lumière. En toile de fond, l’angoisse du plus âgé brouille les pistes, mais rappelle opportunément combien sont minces les frontières entre l’ambivalence et la lâcheté. (A.Lec. et A.Be.)