Un homme jeune Ă©crit Ă une femme qui lâa un temps quittĂ©. Des femmes, ce dĂ©bauchĂ© assumĂ© en a consommĂ©, sinon de la viande, du moins des corps. MĂȘme si celle-ci Ă©tait diffĂ©rente, lâamour et le couple restent pour lui une vaste fumisterie dont il ne faut rien espĂ©rer. Destructeur, incapable dâaimer, sâĂ©tonnant parfois de la mĂ©chancetĂ© qui lui tient lieu de tuteur, il veut montrer Ă son ancienne compagne combien la haine sâavĂšre un sentiment plus juste que lâamour, triste avatar de tout ce qui le tue : le narcissisme, la compulsion sexuelle, lâĂ©goĂŻsme. Comme toujours (Naissance, NB octobre 2013), mais ici dans une forme Ă©pistolaire brĂšve, Yann Moix est venimeux : dur, rapide, froid, incisif, il cherche Ă prouver lâhorreur de lâamour. Par cet oxymore, il tranche dans la guimauve et les clichĂ©s du romantisme, leurre abyssal oĂč lâon se complaĂźt ordinairement. MalgrĂ© la violence du propos, lâaveu dâimpuissance Ă aimer quiconque â en dehors de lui-mĂȘme et de la littĂ©rature â fait mouche par sa sincĂ©ritĂ© lucide. Le romancier procĂšde, certes, par gĂ©nĂ©ralisation, mais conserve son talent pour les images et lâart de la formule, cruelle, grinçante et brillante. (D.D. et A.Le.)
Une simple lettre d’amour
MOIX Yann