Juliette est jolie, intelligente, travailleuse, dĂ©terminĂ©e. Ses parents sont pauvres, provinciaux (mĂšre dâorigine algĂ©rienne, pĂšre jardinier), mais des appuis lui permettent de poursuivre de brillantes Ă©tudes Ă Sciences Po. Son avenir sâannonce radieux. Cependant toute mĂ©daille a son revers. Si la jeune fille est consciente de lâobstacle que constitue la modestie de ses origines, elle nâa pas pris la mesure du danger quâengendre son intrusion dans la classe sociale supĂ©rieure, ni des ravages que peut provoquer son charme. Cette confession â câen est une â souligne la fragilitĂ© des rĂ©ussites, critique sĂ©vĂšrement une caste financiĂšre ou politique cynique et imbue de sa superbe. Est-ce un roman Ă clĂ© ? Le roman intimiste est plus le registre de MichĂšle Gazier (Lâhomme Ă la canne grise, NB avril 2012) que celui de Pierre Lepape (La disparition de Sorel, NB octobre 2006). Toutefois, leur association fait merveille : style prĂ©cis, analyse toute en finesse du personnage central, Ă la fois indulgente et lucide, rĂŽles secondaires indispensables Ă lâintrigue. La chute est assez invraisemblable, mais quâimporte, câest lâascension qui est pertinente Ă sa maniĂšre de satire moderne, sur le mĂȘme thĂšme que Le Rouge et le Noir. (E.G. et L.G.)
Noir et Or
GAZIER MichĂšle, LEPAPE Pierre