Depuis quelques années, Nadja, auteur et cinéaste, quitte régulièrement la France, son mari, ses deux enfants, pour animer un atelier d’écriture dans une université du Vermont. Loin d’être un déchirement, cet exil temporaire lui donne l’occasion de se replier sur elle-même. Pourtant, un été, elle a une liaison avec Patrick, professeur d’origine haïtienne, à la patiente douceur : leurs paisibles échanges la mettent en confiance. Cette « love affair » opère chez la jeune femme un déclic salutaire. Ce court texte rédigé dans une langue fluide et dans une mise en scène efficace – marque de fabrique de Sonia Ristić (Orages, NB janvier 2009) – explore la psychologie tourmentée de l’héroïne qui semble étrangère à sa propre vie. Dans un jeu de balancier, entre souvenir et réalité, se dévoile délicatement le mystère de sa fragilité. Le puzzle de son histoire personnelle se reconstitue entre trois pays, trois hommes et deux figures tutélaires antinomiques : une mère détestée et une grand-mère idolâtrée. Ce subtil roman recrée l’atmosphère d’une libre enfance africaine brutalement interrompue par les cruels hivers de l’adolescence métropolitaine et nous transporte agréablement dans le cadre aseptisé d’une Nouvelle-Angleterre bienfaisante. (A.-C.C.-M. et M.R.)
La belle affaire
RISTIĆ Sonia