Les pêchers

Esther est la fille d’un bref mariage entre Claude, chirurgien autoritaire et volage, et Aimée, matérialiste et opportuniste. Libre, celle-ci passe d’amants en maris, tandis que Tamara lui succède, pour un temps, auprès de Claude. Et la petite fille, affamée d’amour exclusif et de stabilité parentale, s’immisce dans l’intimité de ces adultes en recomposition familiale permanente en contrariant leurs projets. Spectatrice et censeur, elle souffre de leurs désordres amoureux. Leur irresponsabilité fera d’elle une adolescente à jamais blessée. Cette histoire tragique est racontée à la première personne par les voix successives de Tamara, Aimée et Esther. Sur un ton agressif non dénué d’humour, le style de l’auteur, parfois agaçant mais créatif, multiplie les néologismes éclairants et élargit le sens des mots. Ainsi le titre suggère-t-il la transgression, la culpabilité : celle de parents égoïstes, dont l’enfant devient la victime au terrible jugement moral. L’écrivain de Eux (NB mai 2014), à l’analyse psychologique pleine de finesse, insiste sur le rôle de la mère dans la construction d’un enfant qui crie ici sa douleur, sujet de ce bouleversant roman. (A.C. et L.C.)