Dans les années quatre-vingt, en Irlande, l’héroïne vit entre une mère abandonnée par son mari et un frère handicapé. Humiliée par ses camarades de lycée, écrasée par le poids de la religion, elle est violée à treize ans par un oncle incestueux. Partie en ville pour ses études, elle ne profite de cette liberté nouvelle que pour se jeter à corps perdu dans la débauche, l’alcool et la drogue… Comment échapper à son passé, à ses démons, à la fatalité de son sort ? L’Irlandaise Eimear McBride a dû attendre dix ans avant de faire publier ce premier roman écrit à vingt-sept ans, couronné de nombreux prix dans son pays. L’originalité de cet ouvrage réside dans l’écriture frénétique, un phrasé haché, décomposé, un chaos de mots, un cri violent, parfois cru, souvent poétique, qui traduit la rage de la narratrice. Mais, au-delà de la forme, se profile le récit attachant d’une jeune fille rebelle, face à la société traditionnelle irlandaise oppressante. L’auteur analyse les liens complexes de l’amour filial et fraternel, le mal-être des femmes en devenir, la découverte de la sexualité et le sentiment de culpabilité. Cependant, le style particulier peut dérouter, voire agacer : il exige une lecture attentive. (M.Bo. et M.S.-A.)
Une fille est une chose à demi
McBRIDE Eimear