L’Ange de l’oubli

HADERLAP Maja

Une enfant grandit en Carinthie, un land de l’Autriche actuelle, marqué par les cultures slovène et allemande. Dans sa famille – une grand-mère rescapée de Ravensbrück, un père, ancien résistant, obsédé par le suicide, et une mère peu chaleureuse et aigrie – les stigmates de la persécution nazie envers les Slovènes et de leur combat contre le régime hitlérien perdurent. Elle poursuit ses études, obtient une bourse à l’université, entame une thèse et, parallèlement, écrit des poèmes. Le premier roman de Maja Haderlap, poète, dramaturge, est largement autobiographique. Dans ce texte construit en paragraphes inégaux, l’auteur relate, de façon vivante et imagée, aussi bien des scènes de la vie domestique que des veillées funèbres ou des parties de chasse. Elle y mêle les souvenirs des camps évoqués par les proches, ses cauchemars ou des faits historiques. Autant de fragments d’une histoire familiale meurtrie et de l’histoire douloureuse d’un peuple auxquels Maja Haderlap veut « donner une forme écrite pour [se] réinventer une mémoire et [se] conquérir, par l’écriture, un corps… d’odeurs, de voix et de bruits, de choses passées, rêvées, de traces ». Le récit exigeant d’une construction et d’une libération par l’alchimie de l’écriture. (A.-M.D. et B.D.)