La Mecque, ville sainte… Mahomet y reçut les révélations divines. Désormais la cité allait vivre du pèlerinage musulman. Pourtant elle n’a jamais été le centre culturel de cette religion. En plein désert, déchirée par de violents conflits de pouvoir dès la disparition du Prophète, elle a toujours dépendu de l’extérieur pour sa protection (l’Égypte, la Turquie, l’Europe). Aujourd’hui gouvernée par les Wahhabites saoudiens, elle reste le bastion d’un traditionalisme figé et rigoureux qui n’empêche pas les Mecquois d’être oisifs, xénophobes, superstitieux. Et le pétrole finance promoteurs et commerçants cyniques qui défigurent une ville jadis agréable. Ziauddin Sardar (Pourquoi le monde déteste tant l’Amérique ?, NB novembre 2002) est un intellectuel anglophone d’origine pakistanaise. Nourri de références diversifiées, son livre est une somme. Il met l’histoire de La Mecque en perspective avec celle de l’islam, du monde arabe, de la planète et du progrès économique. C’est aussi une arme. Précieux sont les musulmans portant, comme l’auteur, un regard critique sur passé et présent, dans l’espoir de dépasser les clivages politiques et idéologiques qui torpillent une religion censée rassembler et non diviser. Même s’il peut décourager nombre de lecteurs, cet ouvrage est remarquable. (L.G. et A.M.)
Histoire de La Mecque : de la naissance d’Abraham au XXIe siècle
SARDAR Ziauddin