La neige noire

LYNCH Paul

Orphelin, Barnabas est envoyé en 1915 chez un parent éloigné à Brooklyn. Le jeune garçon commence à travailler, devient riveteur sur les gratte-ciel, épouse une Américaine avant de rentrer en Irlande, son pays d’origine. Le couple s’installe dans le Donegal, en investissant ses économies dans une ferme, des terres, des vaches. Les années filent jusqu’à ce qu’un incendie détruise entièrement l’étable et le bétail. Soudainement privés de ressources, Barnabas et sa femme tentent de surmonter l’épreuve, luttent pour reconstruire ce qu’ils ont perdu, mais se heurtent à la haine de leur voisinage.  Par une écriture imagée, à la fois excessive et poétique, l’auteur (Un ciel rouge, le matin, NB mai 2014) dote aussi bien les éléments que les personnages d’une vie intense. Il retrace le destin d’un homme de retour dans sa patrie, que plus personne n’attend, mais où la jalousie et l’envie le disputent au ressentiment. Celui qu’on traite de « faux-pays » semble faire les frais de la colère des ancêtres, de l’hostilité de la nature, et son combat, hautement courageux, paraît inéluctablement voué à l’échec. La tragédie intime, les paysages âpres et désolés sont traités avec une force saisissante. Un texte très sombre, illustrant l’extrême rudesse d’une communauté paysanne. (P.H. et S.La.)