Au Café Bonaparte, ils se rencontrent de temps à autre. Lui, Vila-Matas, dont nous connaissons les approches prudentes et avisées de l’art contemporain (Impressions de Kassel, NB juillet-août) et elle, Dominique Gonzalez-Foerster, artiste plasticienne aux multiples visages. Leurs conversations, malentendus et silences compris, les e-mails qui les prolongent nourrissent miraculeusement leurs oeuvres réciproques. Lui est en train d’écrire ce livre, Marienbad électrique. Elle, « D.G.F. », termine une installation au Palais de Cristal de Madrid, prépare l’étonnante rétrospective présentée actuellement à Pompidou. Vila-Matas interroge les démarches de son amie, devine ses projets, la regarde qui détourne, renforce, transcende la signification d’objets ordinaires. Rimbaud, Robert Walser, Borges et Bioy Casarès, Perec, W.G. Sebald, Bolaño, Wim Wenders avec Marienbad, tous longuement explorés et cités, accompagnent leurs échanges. Comme toujours, la fausse naïveté de Vila-Matas, son autodérision ironique, la souplesse d’un style familier qui s’élève sans effort enchantent cette exploration des mystères de la création et des bonheurs de l’amitié. (M.W.)
Marienbad électrique
VILA-MATAS Enrique