En Israël aujourd’hui de plus en plus de jeunes issus de la communauté ultra orthodoxe (Haredim) quittent leurs familles pour rejoindre les « laïcs ». À partir d’entretiens menés au sein d’une association (Hillel) venant en aide à ces « sortants », Florence Heymann tente une présentation socio-anthropologique concrète du phénomène, dans ce groupe au taux de natalité galopant. Deux fils de l’auteur, pratiquante orthodoxe pourtant modérée (Lambda), ont suivi ce cheminement. Elle décrit les étapes de la « désertion », la rupture familiale, le traumatisme bilatéral, les doutes, les réussites, les tragédies. Trois constats : le rejet porte rarement sur le refus de toute foi mais de la « cashérisation » outrancière des rituels et interdits ; les filles se réinsèrent plus facilement que les garçons ; enfin, en réponse, les haredim accroissent crispation et poids politique. Un éclairage intéressant sur cette société israélienne. Les parcours évoqués, chaotiques, attachants, sont singuliers. Cependant l’écriture émaillée de mots hébreux difficiles à intégrer, façonnée par le rituel des interviews, est parfois répétitive. (B.V. et C.R.P.)
Les déserteurs de Dieu : ces ultra-orthodoxes qui sortent du ghetto
HEYMANN Florence