L’aristocrate fantôme (Communardes !)

Malgré son apparente fragilité et ses manières de princesse, Élisabeth Dmitrieff est une véritable révolutionnaire. Envoyée à Paris par Marx pendant le siège de 1870, elle devient la présidente de l’Union des femmes et se démène pour récupérer des tissus et faire confectionner des uniformes pour les communards. Elle se heurte à plus forte partie lorsqu’il s’agit des armes, ou de l’or de la Banque de France. Son autoritarisme lasse parfois son entourage, mais elle est toujours en première ligne jusqu’à l’arrivée des Versaillais. Elle glisse entre les mailles de leurs filets pour revenir vers sa Russie natale. Tandis que sur les remparts, les communards combattent presque à main nue et meurent en masse, leurs dirigeants se pavanent à la Comédie Française et cherchent à ménager la chèvre et le chou. Ils sont perturbés par l’intransigeance de l’héroïne. Tour à tour sombre et riant, le dessin s’attache à rendre ces contrastes en usant de couleurs changeantes et d’un trait précis rendant bien compte des caractères des personnages et de leurs mouvements. Cet album porte un regard plein d’empathie sur la Commune en dressant un portrait de femme tout à fait prenant. (P.P. et A.R.)