De 1960 à 1970, Vittorio De Sica réalise quatre films, produits par Carlo Ponti, dont Sophia Loren est la vedette. Tous les soirs, il écrit à sa fille Emilia pour lui décrire les événements de la journée. Il lui indique (sur le tournage de La Ciociara) sa volonté de reprendre ces courriers en forme de journal. Dans une lettre du 15 juin 1964 (Mariage à l’italienne), alors qu’il a une promesse de publication, il confirme son désir de révéler « tout le travail pénible » nécessité par ces réalisations. Aujourd’hui Emi publie donc ces textes. Le cinéphile averti trouve dans ce volume les didascalies de l’auteur de films célébrissimes, réalisés avec fougue dans l’angoisse et le doute. C’est lorsqu’il domine ses craintes, par une sorte de catharsis, que le réalisateur révèle ses intuitions les plus géniales. On comprend que les techniques de tournage des années soixante étaient bien loin des contemporaines, et que les kilomètres de pellicule utilisée donnent beaucoup de mal aux restaurateurs actuels. Séducteur, passionné, Vittorio De Sica révèle aussi sa rivalité avec Fellini, plus jeune, grande vedette adulée à l’époque par les médias. Mais les anecdotes quotidiennes et le genre compte rendu peuvent décevoir. (M.Bi. et B.Bo.)
« Ma chère Emi, il est cinq heures du matin… » : lettres de tournages
DE SICA Vittorio