Il y a Hérode, figure de la vie littéraire, chaman de l’actualité, thuriféraire de Satan; gros, méchant, distillant obscénités érudites et remarques perfides… Il y a Anténor, académicien pathétique voué à la reconnaissance d’un certain Gresset, obscur poète du XVIIIe siècle, chantre pathétique d’un perroquet… Il y a aussi deux jolies pianistes; l’une arriviste, douée pour le sexe, et l’autre arrivée, chaste, en quête de l’amour sublime… Entre eux circule Volodia, enseignant universitaire, qui voudrait bien publier son manuscrit sur l’éducation des jeunes filles, dont il expérimente les charmes contemporains. Malheureusement, il aime trop qui ne le mérite pas et pas assez qui le mérite. Contrastant avec le langage cru de l’ami Julien, « baiseur invétéré », citations rares et références recherchées intellectualisent ce marivaudage moderne. Entre Saint-Germain-des-Prés et l’Académie, de bars en réceptions, de conférences en concerts, le cynisme, l’ironie, l’égocentrisme sont des armes de survie. La candeur du héros fait curieusement contraste dans ce milieu que Stéphane Barsacq paraît bien connaître. Essayiste, éditeur, journaliste, il donne ici un premier roman après, entre autres, un essai sur Brahms dont la musique traverse ces pages avec bonheur. Des clés ? Sans doute. Les initiés s’amuseront à les trouver. (M.W. et C.R.P.)
Le piano dans l’éducation des jeunes filles
BARSACQ Stéphane