Bien qu’il déteste les farces, le docteur Justo Pastor Proceso en a préparé une pour le 28 décembre 1966 et compte la prolonger pendant le carnaval de Pasto dans le sud de la Colombie. La cinquantaine, ce gynécologue ridiculisé par sa femme et ignoré par ses filles passe son temps à étudier la vie de Simon Bolivar. Après une hallucination, il veut faire construire un char à l’effigie du Libérateur tout en démolissant son prestige. Une polémique s’engage autour de cette décision folle. Cependant le docteur persiste, s’égare, et devient l’ennemi public. Malgré l’annonce du destin funeste du docteur, le ton de la première partie du livre est drôle, vaudevillesque. Plus sérieuse, malgré les anecdotes et les interventions des notables de la ville, la deuxième partie, un peu longue, revisite l’histoire du Héros national. Evelio Rosero (Les Armées, NB septembre 2008) s’inspire de l’oeuvre du premier historien de son pays, José Rafael Sanudo, et fait descendre Simon Bolivar de son piédestal. Dans la dernière partie il utilise le carnaval et ses excès comme métaphore de l’ambiance contestataire de l’époque. Un talent de conteur récompensé par le prix national du roman en Colombie en 2014. (L.C. et P.B.)
Le carnaval des innocents
ROSERO Evelio