À l’aube de la déstalinisation, Vladimir Katouchkov débute sa carrière à la GlavLit, chargée de la censure. Lecteur passionné, mais communiste zélé soucieux d’interdire les écrits pernicieux pour le régime, il se lie avec Golchenko, projectionniste. Progressivement, il prend goût aux oeuvres critiques qu’il examine et aux « samizdats » qui circulent clandestinement. Après Khrouchtchev le régime se durcit. Le KGB chapeaute la GlavLit, pourchasse les dissidents. Vladimir est sanctionné pour sa permissivité. Il passe de la délation à la révolte. Son ami écope à sa place et, après la mort de sa femme puis de sa mère, il se retrouve seul et désabusé…
Paul Greveillac imagine la vie de deux hommes, adossée précisément aux événements notoires jalonnant l’histoire de l’URSS de 1954 à nos jours. Le caractère du personnage principal est finement analysé : ni démon ni ange, chasseur et proie, censeur et écrivain subversif, écartelé entre devoir et idéal ; emmuré en lui-même malgré son amitié pour l’amoureux d’images et son attachement à deux femmes. Truffé de références littéraires et cinématographiques, de citations, cet ouvrage remarquable, hommage à la dissidence, à la liberté d’expression et récit de la faillite d’un rêve partagé, célèbre subtilement son complexe héros central : le livre. (L.G. et C.R.P.)