La fin d’une imposture

Rosalie, quarantenaire londonienne, spécialiste de bandes dessinées vintage, mère comblée de deux grands enfants, s’interroge sur l’avenir de son couple à la suite d’une incartade de Luke, son mari. Mais les voici confrontés à un drame : la police leur annonce la mort par noyade de leur fils de dix-neuf ans en Thaïlande. Sous la violence du choc, comment faire face ? Et surtout comment réagir vis à vis de leur fille Maddie, quinze ans, qui, en pleine dépression, part à la dérive ? Embrigadée dans un gang de filles d’une rare violence puis torturée par elles, l’adolescente est hospitalisée. Sur les conseils du psychiatre qui la suit et d’un prêtre ami, le père Tom, la famille rejoint un groupe de parole et y fait la connaissance de Jed, un jeune homme plein charme. Au grand soulagement de Rosalie, son influence semble bénéfique sur sa fille qui en est tombée amoureuse. Malgré les réticences de Luke, souvent absent pour son travail de caméraman, le beau Jed fait vite partie de la maisonnée et se rend indispensable. Jusqu’où exercera-t-il son emprise ? À l’exemple des cinq précédents romans de l’auteur le récit est très habilement composé. Le rythme balance, sur un excellent tempo : descriptions et dialogues réalistes sont émaillés d’expressions inattendues. Kate O’Riordan s’attache principalement au personnage de Rosalie, mère protectrice au point d’être envahissante, qui lutte pour maintenir la cohésion familiale, mais devra finalement se remettre en question et s’interroger sur son passé. La romancière, grâce à ses origines irlandaises, à la culture catholique dont elle est imprégnée, et à ses qualités de fine psychologue dans la dissection des crises existentielles, tisse le récit en entrecroisant amour, culpabilité, mensonges, ambiguïtés et pulsions érotiques. Comme dans tout bon roman policier auquel ce livre s’apparente, le début abonde en détails signifiants tandis que progresse l’intrigue d’une densité de plus en plus captivante. Un roman qui vous embarque pour de bon ! (M.R., N.C.D., et C.G.)