Avec trois brins de laine (on peut refaire le monde)

Il a fallu partir : en dépit du soleil, la vie devenait bien sombre. Dans le nouveau pays en revanche, au début, les rides se sont estompées sur le front de son père. Pour elle, l’école ! La vie leur souriait à nouveau. Mais l’hiver est venu, très gris dans l’uniformité de la ville où les adultes, vêtus de brun, marchaient, moroses et silencieux. Où, même colorés, les vêtements des enfants n’introduisaient aucune gaieté dans le paysage urbain. Jusqu’au jour où sa mère prit des aiguilles à tricoter… Une histoire d’exil comme tant d’autres. Seul indicateur : les rides plus ou moins creusées sur le front du père, car l’enfant qui raconte est sensible à la couleur affective des jours autant qu’à la lumière ! Une belle idée : l’initiative maternelle de ces pulls multicolores qui vont tisser des liens à travers la ville. Le texte, pudique, raconte une histoire réussie d’intégration et de métissage. L’illustration, foisonnante de détails, enrichit le récit. La mise en page varie les effets, insère le texte dans l’image et colore progressivement de rouge et de vert un album d’abord gris et noir dans une dynamique optimiste. (C.B.)