Petites voisines et amies de classe d’une beauté exceptionnelle, Zahrah et Soudabeh sont séparées à douze ans. L’une est mariée de force et l’autre contrainte à la fugue. À leurs tragiques histoires se mêlent celles de seize prostituées qui viennent d’être tuées dans diverses villes iraniennes. Les unes ont été lapidées selon la loi, les autres assassinées, étranglées avec leur tchador par un « pieux » tueur en série, « éradiqueur de prostitution ». La prostitution n’est pas l’apanage des classes défavorisées. Souvent contrainte, elle est la seule issue pour celles qui essaient de survivre avec leurs enfants. Dans ce roman très cru, Chahdortt Djavann (Big Daddy, NB avril 2015) restitue en les imaginant les terribles parcours de ces victimes et ose une dénonciation cinglante de la tartufferie des mollahs et des riches commerçants. Le sigheh ou contrat sexuel de quelques heures à quelques jours, autorisé par la loi, leur permet tous les abus. Le machisme brutal, voire meurtrier, des classes populaires est justifié et approuvé au nom de l’islam. La psychologie des personnages n’est pas très poussée, l’accumulation des témoignages et la description des rapports sexuels sordides sont pénibles. Et ce réquisitoire indigné, si nécessaire, perd de sa force puisqu’il s’agit d’une fiction. (S.D. et M.W.)
Les putes voilées n’iront jamais au paradis !
DJAVANN Chahdortt